Ingestion de produits toxiques : Ravages du « Khémé » chez les enfants

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Les intoxications aiguës chez l’enfant constituent un lourd fardeau, un important problème de santé publique et une cause fréquente d’admission dans les unités d’urgences pédiatriques. L’intoxication peut être accidentelle, iatrogène (due à une erreur de prescription) ou volontaire lors d’un suicide chez les adolescent(e)s.
Dans la plupart des cas il s’agit d’une intoxication accidentelle chez l’enfant liée à un comportement inapproprié des parents : rangement des médicaments dans un endroit inadéquat, transvasement de produits ménagers (par exemple eau de Javel dans une bouteille d’eau minérale). Le type de produit peut être un médicament (décoctions de plantes), un produit industriel (pétrole ou ses dérivés), un produit ménager (eau de Javel, de l’insecticide (grésil), des pesticides, la soude caustique ou « khémè ». La soude caustique ou « khémè » est fréquemment utilisée par les teinturiers artisanaux, pour nettoyer le carrelage ou déboucher les tuyaux d’évacuation des eaux usées. Il est vendu au détail dans de petits sachets ; ce qui les fait ressembler à du lait en poudre commercialisé dans le même type d’emballage. Ce produit, Le « khémé », est la cause principale des intoxications accidentelles au Sénégal (84% dans une étude récente) suivi par l’eau de Javel.
En 2004, plus de 45, 000 décès liés aux intoxications aiguës chez les enfants et adolescents de moins de 20 ans ont été répertoriés.
Les intoxications aigues représentent plus de 10% de l’ensemble des traumatismes accidentels chez l’enfant. L’OMS estime que 45 000 décès d’enfants ou de jeunes de moins de 20 ans sont imputables chaque année à des intoxications aigues.
Globalement, les intoxications aiguës mortelles sont quatre fois plus élevées dans les pays à revenus faibles que dans les pays développés. Le taux mondial de mortalité imputable aux empoisonnements est égal à 1,8 pour 100 000 chez les enfants et les jeunes de moins de 20 ans.
En Afrique, le taux de mortalité chez les enfants victimes d’intoxication était de 4 pour 100,000 habitants en 2004 selon l’OMS. Cependant, plusieurs études ont révélé que l’épidémiologie des intoxications aiguës d’origine non alimentaire variait d’un pays à l’autre, en fonction du temps, du contexte socio-économique ou culturel et de la disponibilité de toxiques spécifiques. Le bas niveau socio-économique est un facteur favorisant.
La prise en charge des intoxications aiguës dans les pays en voie de développement est extrêmement couteuse et les résultats ne sont pas toujours satisfaisants. Les survivants gardent souvent des séquelles invalidantes à type de sténose œsophagienne avec des difficultés d’alimentation et une dénutrition sévère. La mortalité avoisine les 4%.

Actions préventives

La sensibilisation des parents sur les dangers des produits à usage ménager, les produits chimiques et leur mode de stockage sécurisé, l’implication du SAMU National et du Centre Anti-Poison (CAP) devraient permettre de réduire la fréquence des intoxications graves, d’améliorer leur prise en charge et leur pronostic.
Face à tout cela, il faut savoir qu’il y a des actions à ne pas faire. Il ne faut pas provoquer des vomissements et donner du liquide par la bouche quel qu’il soit (lait, eau, pansement gastrique, neutralisant, etc.). On ne doit pas garder l’enfant au domicile, mais l’acheminer très vite vers une structure de santé ou alerter les secours.
Dr Aliou THIONGANE
Pédiatre- Urgentiste

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