Bien vieillir en Afrique en bonne santé physique et mentale : c’est tout un sport !

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BIEN VIEILLIR EN AFRIQUE EN BONNE SANTE PHYSIQUE ET MENTALE : c’est tout un sport !

 

Pour la personne avançant en âge en Afrique, la vieillesse est aujourd’hui un processus dynamique de transformation afin de retarder le plus tard possible les maladies et les limitations fonctionnelles. En effet, vivre le plus longtemps possible sans déficience ni handicap demande un leadership transformationnel mené avec organisation et méthode.

L’augmentation de longévité et l’allongement du temps de non travail lié à la retraite, pose l’opportunité de la pratique durable du sport et de l’exercice physique dans les cycles de vie.  Se pose alors la nécessité de la prévention des effets précoces du vieillissement par le sport et l’exercice physique.

A ce propos, deux types de prévention peuvent être mise en œuvre : d’une part, la prévention « médicalisée » composée d’actes médicaux répandus (vaccins, dépistage…) et d’autre part, la prévention dite « éducative » qui concerne le comment faire pour agir de manière efficace et durable par les campagnes de sensibilisation à l’encontre des comportements à risque, dangereux ou malsains. La prévention peut porter sur les aspects à la fois médicaux et/ou éducatifs comme : 1°) le ralentissement des processus du vieillissement biologique; 2°) la correction du niveau des facteurs de risque pouvant conduire à des maladies chroniques et invalidantes; 3°) le dépistage  précocement des maladies asymptomatiques pouvant bénéficier d’une thérapeutique efficace et 4°) chercher à « repousser » le moment de survenue de la perte d’autonomie fonctionnelle. Ces activités sont à la fois publiques, privées et en interaction entre la santé de la population et la santé de l’individu.

Aujourd’hui, le vieillissement s’accompagne avec le recul de l’âge de départ à la retraite, de la volonté de jouir davantage de son temps libre et de l’entretien de son corps à travers les loisirs sains. Il s’agit d’un effort d’éducation sanitaire ayant pour cible: a) l’adulte, en vue de le préparer physiquement et psychologiquement à la vieillesse, et notamment aux changements d’activité; b) la personne âgée, pour l’amener à observer une hygiène de vie favorable en insistant sur les pratiques modérées aux vertus hygiéniques à usage contrôlé par des critères définis.

Parmi les caractéristiques du vieillissement, notons la diminution d’activité physique, de la vitesse maximale à courte distance, la diminution de la masse musculaire ; les mouvements deviennent de plus en plus limités associés à des troubles musculo-squelettiques ainsi que les processus de vieillissement du système nerveux. On peut aussi observer la tendance à l’obésité et à l’artériosclérose en rapport avec la perturbation du métabolisme.

En conséquence, les chercheurs prônent des activités physiques adaptées aux problèmes physiologiques et psychologiques des personnes âgées afin de combattre la sénescence. L’activité physique, bien pratiquée permet à l’homme avançant en âge d’acquérir des rythmes d’effort qui deviendront pour lui des rythmes de vie.

L’analyse des cas d’inadaptation de la personne avançant en âge nous a permis de mettre en lumière l’importance des habitudes hygiénico-diététiques, l’incompatibilité de certains sports avec le vieillissement, le respect de certaines conditions d’entraînement et de compétition. Aussi, la pratique sportive peut de nos jours et dans certaines conditions, constituer une véritable thérapeutique.

En effet, les études menées au centre médicosocial de l’institut de prévoyance retraite du Sénégal (IPRES) portant sur la qualité de vie et sur la santé du sujet âgé de plus de 50 ans à travers la pratique de la gymnastique d’entretien à Dakar, nous ont permis de conclure que la pratique rationnelle et continue de l’exercice physique et du sport est capable de modifier favorablement le profil habituel du vieillissement. Les bénéficies sont de trois ordres : sur les plans fonctionnel, morphologique, esthétique et psychologiques permettant ainsi de conserver un espace moteur privilégié dans le milieu sportif où ils se mêlent avec les générations plus jeunes.

Chez la personne avançant en âge, l’efficacité des programmes de sport, d’exercice physique et les pratiques individuelles liées au mode de vie portent sur : 1°) l’activité physique, 2°) la nutrition, 3°) l’abstinence de tabac ; 4°) le maintien du poids ; 5°) la vie affective et le soutien social, 6°) la gestion du stress et 7°) la prévention des problèmes héréditaires.

En prenant de l’âge on assiste à une baisse de l’engouement à effectuer des mouvements intenses associés à une fatigabilité et une dépense d’énergie plus grandes. Ceci nous amène petit à petit à une perte d’autonomie et nous entraine dans un processus de sédentarisation avec ses conséquences par le cercle vicieux du syndrome des  « 3H » ; l’hypo-activité ou la baisse des tâches quotidiennes, l’hypoxie ou la baisse de la capacité aérobie et de l’endurance et  l’hypotonie ou la baisse de la masse (sarcopénie)  et de la vigueur  musculaire (dynapénie) associée souvent avec l’augmentation du pourcentage de la masse grasse (surpoids, obésité), et son accumulation d’avantage au niveau de la racine des membres, du tronc, et surtout de l’abdomen pour les deux sexes.

Cependant quel que soit l’âge, l’entrainement bien mené améliore chez la personne avançant en âge, l’état actuel de la condition physique, c’est-à-dire, « pouvoir s’acquitter des tâches quotidiennes avec vigueur et promptitude, sans fatigue excessive et avec le surplus d’énergie nécessaire pour profiter de nos périodes de loisirs et faire face aux imprévus ».

Les recommandations pour agir et élaborer un programme d‘exercice physique et de sport portent sur la modification bénéfique des cinq déterminants variables de la condition physique à savoir 1°) l’efficacité du système de transport et d’utilisation de l’oxygène, 2°) le pourcentage de graisses dans le poids corporel, 3°) les qualités musculaires , 4°) la flexibilité (souplesse), 5°) la posture et 6°) la capacité de relâchement et de relaxation.

            Il est recommandé de faire suffisamment d’exercice tout au long de la vie, au moins 30 minutes d’un exercice physique régulier d’intensité modérée presque tous les jours de la semaine ; alors que les exercices visant à développer la masse musculaire et à renforcer l’équilibre (2 à 3 fois par semaine), aident à éviter les chutes et améliorent la fonctionnalité chez les personnes âgées. Des efforts plus intenses sont parfois nécessaires pour éviter de prendre du poids.

            Pour la personne avançant en âge en Afrique, la mise en place d’un programme évolutif de sport et d’exercice physique, bien encadré par une équipe pluridisciplinaire, encourage à être actif durablement, de s’adapter au changement et permet d’apporter des aides à la pratique d’activités physiques adaptées, voire par l’exercice physique thérapeutique.

En effet, l’ordonnance d’exercices physiques pour les personnes ayant des besoins spécifiques et, la prise en charge d’affections de longue durée (ALD) par des équipes pluridisciplinaires est devenue une réalité au Sénégal.

Bien vieillir en Afrique, en bonne santé physique et mentale est possible grâce aux effets bénéfiques de la pratique régulière du sport qui offre des possibilités supplémentaires dans la prise en charge du sujet âgé par l’exercice physique thérapeutique à visée de prévention ou d’accompagnement.

 

Pr Djibril SECK

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