La médecine traditionnelle (Par le Professeur Roch A. Houngnihin)

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La médecine traditionnelle par le Professeur Roch A. Houngnihin – anthropologue, Coordonnateur du Programme de la médecine traditionnelle, Ministère de la santé, Bénin

En Afrique, la médecine traditionnelle est dispensée par un profil varié de professionnels dont les phytothérapeutes, les accoucheuses traditionnelles, les psychothérapeutes, les spiritualistes.

Une amélioration notable de l’offre de soins en médecine traditionnelle
La médecine traditionnelle à laquelle la majorité de la population a recours pour se soigner, fait référence aux praticiens, aux produits, aux pratiques et aux connaissances thérapeutiques utilisés avant la période coloniale pour promouvoir, conserver et restaurer la santé et le bien-être avant l’introduction de la médecine dite conventionnelle.

Aujourd’hui, la médecine traditionnelle fait face à un nombre croissant de maladies chroniques (drépanocytose, diabète, hypertension, cancers, etc.), concomitamment avec les maladies infectieuses persistantes et émergentes (paludisme, tuberculose, sida, maladie à virus Ebola, fièvre de Lassa, etc.) et les maladies tropicales négligées (ulcère de Buruli, leishmaniose, …).

Malgré le besoin croissant de solutions aux problèmes de santé en Afrique, la production pharmaceutique de médicaments à base de plantes demeure peu développée. Presque partout, la présentation des produits de la pharmacopée a connu une amélioration majeure du point de vue de la présentation et de l’offre de soins. Même en zone rurale, les produits médicinaux fabriqués de façon extemporanée (juste avant l’emploi, donc non préparés à l’avance) disparaissent de jour en jour. Les professionnels de la médecine traditionnelle optent de plus en plus pour des présentations conservables, du fait notamment de la rareté ou de l’éloignement de la matière première.

Les structures de soins traditionnels sont en évolution constante. Ainsi, dans les villes du Bénin par exemple, notamment à Cotonou, Porto-Novo et Parakou, ces structures de soins ne disposent pas d’un statut juridique conforme à la règlementation en vigueur ; elles ne possèdent pas en effet une licence délivrée par le Ministère de la santé. Dans la plupart des cas, les exigences en matière de normes infrastructurelles, le faible volume de production, la méconnaissance de la réglementation en vigueur ou l’absence de plus-value commerciale liée à l’obtention d’une licence fondent le faible engouement des promoteurs à s’engager dans un processus d’homologation de médicaments à base de plantes jugé d’ailleurs fastidieux.

Une offre diversifiée de soins qui cherche à s’adapter à la demande
Dans la plupart des cas, l’offre de soins se base sur les produits de la catégorie 2 selon la nomenclature proposée par l’OMS. Ces produits sont préparés à l’avance ; ils bénéficient d’une production semi-industrielle ou industrielle, avec des procédés qui garantissent la stabilité, la standardisation, l’innocuité et l’efficacité.

Dans ce contexte, les spécialités proposées et les maux traités divergent selon qu’il s’agisse de la zone urbaine ou du milieu rural. Dans les villages du Bénin par exemple, on note la présence, le plus souvent, de généralistes qui s’occupent de divers maux pour lesquels répugnent l’offre de soins dits modernes ou liés en général à la pauvreté : ulcères chroniques, plaies dites incurables, fractures, etc.

En zone urbaine, on note un souci d’adaptation de l’offre aux maladies affectant les citadins. Ainsi, celle-ci porte de plus en plus sur les maladies émergentes favorisées par la vie en milieu urbain, avec pour corollaire la sédentarité, le surpoids, le stress, etc. Il s’agit d’une offre de plus en plus spécialisée. Ainsi, les maux les plus emblématiques pris en charge sont en lien avec les maladies chroniques qui n’ont pas de remèdes efficaces connus en médecine dite moderne, avec ainsi un souci de combler les lacunes. Parlant de ces maladies dont l’incidence augmente au sein de la population, l’OMS évoque une « épidémie nouvelle » de maladies non transmissibles (OMS, 2013). Au rang de ces maladies, figurent le diabète (notamment celui de type 2 ou diabète sucré), les maladies de la prostate, les infertilités (féminine et masculine). On pourra également citer les troubles psychiques, les hépatites, la drépanocytose, l’hypertension artérielle ainsi que les affections opportunistes du sida.

Les produits de la médecine traditionnelle sont distribués à travers divers canaux dont les points de vente concentrés au niveau de la capitale Cotonou, les officines et les cabinets de consultations et de soins traditionnels.

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